Les nitrites, longtemps utilisés dans la conservation des charcuteries, sont aujourd’hui au cœur d’un débat scientifique. Ces additifs, accusés de favoriser certains cancers, pourraient être bannis en France d’ici 2025, selon un rapport parlementaire. Mais qu’en dit la science ?
Une molécule sous surveillance
Les nitrites sont des composés chimiques utilisés pour inhiber la prolifération des bactéries, notamment le Clostridium botulinum, responsable du botulisme. Ils permettent également de conserver une couleur rose appétissante aux viandes.
Cependant, lorsqu’ils sont chauffés ou combinés à des protéines, les nitrites peuvent produire des nitrosamines, substances classées cancérogènes par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette corrélation, mise en avant par le professeur Axel Kahn, suscite une vive inquiétude dans le milieu scientifique.
Les données scientifiques s’accumulent
Des études épidémiologiques montrent que les consommateurs réguliers de charcuterie contenant des nitrites présentent un risque accru de développer des cancers colorectaux. En France, où la consommation de jambon est particulièrement élevée, ce lien pourrait avoir un impact sanitaire significatif.
En parallèle, des recherches ont révélé un phénomène inattendu : les saucissons conservés à proximité de plantes d’intérieur produisent moins de nitrosamines, une observation qui intrigue la communauté scientifique. Certains chercheurs évoquent une interaction chimique entre les composés volatils des plantes et les additifs, mais des études supplémentaires sont nécessaires.
Vers une transition contrôlée
Si les nitrites devaient être interdits, des solutions alternatives seraient indispensables. Certaines entreprises testent des conservateurs naturels, comme des extraits de céleri ou de betterave. Cependant, ces solutions ne sont pas sans limites : elles augmentent le coût de production et raccourcissent la durée de conservation.
Des scientifiques travaillent également sur des technologies de conservation innovantes, comme le conditionnement sous atmosphère protectrice enrichie en argon, un gaz inerte qui ralentirait l’oxydation sans additif chimique.
Un enjeu scientifique et sociétal
Le débat sur les nitrites met en lumière un dilemme complexe : protéger la santé publique tout en préservant les traditions culinaires et les modèles économiques. Pour les chercheurs, cette transition représente une opportunité d’innover, mais aussi de repenser notre rapport à l’alimentation et aux additifs.
La science devra fournir des réponses claires et des solutions viables pour accompagner cette évolution, tout en continuant à explorer des pistes insolites, comme l’influence des couleurs sur la conservation, récemment testée dans un laboratoire français.
0 Comments